Une mère brisée rend justice en plein tribunal : le geste désespéré qui a divisé l’Allemagne

Publié le 6 octobre 2025

Plus de quarante ans après les faits, l'acte de Marianne Bachmeier continue de soulever des questions brûlantes sur la justice et la vengeance. Cette mère allemande a abattu l'assassin présumé de sa fille de 7 ans au cœur même de l'enceinte judiciaire. Un drame poignant qui interroge encore aujourd'hui les limites de l'amour maternel face à l'injustice.

L’origine du drame

Close-up ‘POLICE’ marking written on the back of a bulletproof vest worn by a French police officer on a street in Paris, France. Concepts of law enforcement, crime, delinquency and criminal affairs

Nous sommes en mai 1980, dans la ville allemande de Lübeck. Marianne, une mère célibataire, s’occupe seule de l’éducation de sa petite Ana, âgée de sept printemps. Ce matin-là, une dispute familiale conduit la fillette à manquer l’école. Un incident apparemment banal qui va pourtant déclencher une tragédie inimaginable.

La jeune Ana est enlevée par Klaus Grabowski, un voisin de 35 ans au lourd passé judiciaire incluant des condamnations pour agressions sexuelles. L’homme la retient captive pendant de longues heures dans son domicile, la séquestre avant de finalement l’étranger. Le corps sans vie de l’enfant sera découvert plus tard, caché dans un carton.

Un passé douloureux et un acte radical

Pour Marianne, la souffrance devient insoutenable. L’accusé n’est autre qu’un récidiviste notoire qui, selon elle, n’aurait jamais dû retrouver la liberté.

Mais ce qui va la pousser à bout, ce sont les déclarations de l’individu durant son procès. Non seulement il nie les violences sexuelles, mais il ose suggérer qu’Ana aurait cherché à le séduire. Des paroles que la mère endeuillée considère comme une insupportable profanation de la mémoire de son enfant.

Le 6 mars 1981, le passage à l’acte

Le jour de l’audience, elle dissimule une arme à feu dans son sac. Dans la salle d’audience, alors que Klaus Grabowski se trouve à quelques pas d’elle, elle sort le pistolet et fait feu à sept reprises. L’homme succombe sur le champ. La scène plonge l’assemblée dans un état de stupeur totale. Marianne est immédiatement interpellée.

Dans les heures qui suivent, l’affaire ébranle toute la nation allemande. Certains voient en elle une mère courage poussée à l’extrême, tandis que d’autres la considèrent comme une criminelle. Une chose est certaine : son geste ne laisse personne indifférent.

Une sentence qui crée la controverse

En 1983, Marianne écope de six années d’emprisonnement pour homicide volontaire, mais elle recouvre la liberté après seulement trois ans de détention.

Un sondage réalisé plusieurs années plus tard révèle à quel point le pays reste profondément divisé :

  • 28 % estiment que la condamnation était juste
  • 27 % la considèrent trop sévère
  • 25 % la jugent trop clémente

Une existence marquée par les épreuves

La vie de Marianne avait été semée d’embûches bien avant ce drame. Son père appartenait aux Waffen-SS, elle-même avait subi des violences durant son enfance et connu plusieurs grossesses précoces. Ana, sa troisième fille, représentait le premier enfant qu’elle avait choisi d’élever seule.

Son geste, qu’elle reconnaîtra plus tard avoir prémédité, constituait selon elle une manière de préserver l’honneur de sa fille. En 1995, elle confiera lors d’une interview :

« Je souhaitais l’empêcher de continuer à mentir au sujet de ma fille. »

Quel héritage aujourd’hui ?

Marianne Bachmeier nous a quittés en 1996. Son action continue d’alimenter les discussions, inspirant documentaires, œuvres cinématographiques et réflexions sociétales. Car au-delà de l’anecdote judiciaire, cette histoire soulève une interrogation universelle : jusqu’où peut s’étendre l’amour parental face à l’injustice ?

C’est le récit d’une souffrance immense, d’une quête personnelle de justice, d’une colère contenue… et d’une mère qui n’a jamais réussi à se reconstruire après avoir perdu l’être le plus cher.

Et vous, comment réagiriez-vous si votre enfant se trouvait dans cette situation ?