Une tique redoutable s’installe dans nos campagnes : faut-il s’inquiéter ?

Publié le 10 avril 2025
Une tique redoutable s’installe dans nos campagnes : faut-il s’inquiéter ?

Elle mesure à peine 8 mm, pourtant sa présence suffit à inquiéter les randonneurs comme les spécialistes de la santé. Plus rapide, plus grosse et potentiellement bien plus dangereuse qu’une tique classique, la Hyalomma marginatum refait parler d’elle. Cette espèce, originaire de zones beaucoup plus chaudes, s’installe peu à peu en France. Mais pourquoi suscite-t-elle autant d’alerte ? Et surtout, quels risques représente-t-elle vraiment ?

Une tique venue d’ailleurs, bien décidée à rester

Derrière ce nom scientifique un peu barbare, se cache une tique géante bien différente de celles que l’on croise habituellement dans nos forêts. Hyalomma marginatum est deux à trois fois plus grosse qu’une tique « classique » et se reconnaît à ses pattes ornées d’anneaux blancs et bruns, et à ses pinces acérées.

Longtemps cantonnée à l’Afrique du Nord, aux Balkans ou encore à la Turquie, cette tique a trouvé un nouveau terrain de jeu avec le réchauffement climatique : le sud de la France. Elle a déjà été repérée dans plus d’une vingtaine de départements, dont l’Ardèche, les Landes, le Var ou encore les Alpes-Maritimes.

Un comportement digne d’un prédateur

Contrairement aux autres tiques, qui attendent patiemment qu’un animal passe à portée, la Hyalomma adopte une stratégie bien plus active : elle peut détecter un hôte à plusieurs mètres, se lancer à sa poursuite sur des distances allant jusqu’à 100 mètres, et s’y agripper à la moindre occasion.

Imaginez un mini-aspirateur sanguin équipé de GPS, prêt à surgir dès qu’il perçoit de la chaleur ou du dioxyde de carbone. Voilà l’image inquiétante que cette tique évoque.

Un virus qui change la donne : la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

Le vrai danger, cependant, ne réside pas uniquement dans sa taille ou son agilité. Cette tique est un vecteur potentiel de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), une maladie virale grave, transmise par piqûre.

Chez l’humain, la FHCC peut provoquer une forte fièvre, des douleurs musculaires, des troubles digestifs et, dans les cas les plus graves, des hémorragies internes. Le taux de mortalité peut grimper jusqu’à 30 %, ce qui alarme les autorités sanitaires, bien qu’aucun cas n’ait été détecté en France pour le moment.

Des précautions simples mais cruciales

Heureusement, il est possible de limiter les risques. Voici quelques recommandations clés pour vos balades estivales :

  • Portez des vêtements longs couvrant bras et jambes.
  • Optez pour des chaussures fermées, surtout si vous marchez dans les herbes hautes.
  • Inspectez votre corps au retour d’une sortie, notamment derrière les genoux, sous les bras et dans les zones pileuses.
  • Utilisez des répulsifs adaptés sur la peau et les vêtements.

À noter : toutes les tiques Hyalomma ne sont pas porteuses du virus. Mais la vigilance reste de mise.

Un avenir incertain mais surveillé

D’après les chercheurs, l’expansion de cette tique pourrait bien s’accentuer dans les années à venir. Les changements climatiques favorisent en effet l’élargissement de son habitat naturel. La vallée du Rhône, certaines zones de l’ouest et même des régions plus centrales pourraient bientôt être concernées.

Les autorités sanitaires, comme Santé Publique France et l’Anses, suivent l’évolution de près. Des programmes de surveillance ont été mis en place pour anticiper tout risque de transmission du virus.

En résumé

La tique géante Hyalomma marginatum n’est pas une légende urbaine : elle est bien là, et elle pourrait devenir un acteur majeur des risques sanitaires liés aux tiques en France. Mais avec de la prudence, un peu de bon sens et des vêtements adaptés, il est tout à fait possible de continuer à profiter de la nature sans crainte excessive.

Alors, cet été, à vos chaussures de rando… mais n’oubliez pas de jeter un œil à vos chaussettes en rentrant !