Pourquoi se lève-t-on la nuit pour uriner ?

Publié le 14 mai 2025
Pourquoi se lève-t-on la nuit pour uriner ?

Cela vous arrive-t-il de vous réveiller plusieurs fois par nuit, comme si votre vessie avait activé un réveil nocturne ? Ce phénomène, aussi fréquent qu’irritant, peut sembler anodin… et pourtant, il cache parfois des signaux que notre corps tente de nous envoyer discrètement. La nycturie – c’est le nom scientifique de ce phénomène – concerne un grand nombre d’adultes, surtout à partir de la quarantaine. Ce besoin fréquent d’uriner durant la nuit perturbe le sommeil, fatigue au réveil et peut même jouer sur l’humeur. Mais alors, pourquoi notre corps nous réveille-t-il si souvent ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ces allers-retours nocturnes aux toilettes, certaines bénignes, d’autres à surveiller de plus près.

Une hydratation tardive… ou excessive

C’est le réflexe le plus simple à vérifier : avez-vous bu beaucoup d’eau (ou de tisane !) avant d’aller au lit ? Une hydratation généreuse en soirée, surtout si elle inclut des boissons diurétiques comme le thé ou la bière sans alcool, peut sursolliciter la vessie pendant la nuit. Dans ce cas, ajuster l’heure de votre dernier verre peut faire toute la différence.

Astuce : essayez de stopper toute boisson deux heures avant le coucher pour tester l’effet.

Un sommeil entrecoupé… qui vous « réveille la vessie »

Parfois, ce n’est pas le besoin d’uriner qui vous réveille, mais bien un sommeil de mauvaise qualité qui fragmente vos cycles. Une fois réveillée, même légèrement, la moindre sensation de vessie un peu pleine devient alors un signal d’alarme. C’est un cercle vicieux : mauvais sommeil → réveils nocturnes → envie d’uriner → encore plus de réveils…

Des signaux hormonaux qui évoluent avec l’âge

Avec le temps, notre corps produit moins d’une hormone clé : la vasopressine, qui aide à concentrer l’urine pendant la nuit. Résultat ? Le volume urinaire augmente et les réveils deviennent plus fréquents. Ce phénomène touche aussi bien les femmes que les hommes dès la cinquantaine.

Quand le cœur s’en mêle : le lien avec la circulation

Le lien entre la nycturie et la santé cardiovasculaire n’est pas toujours évident… et pourtant, il existe bel et bien. Chez certaines personnes, se lever la nuit pour uriner peut être le signe d’un déséquilibre circulatoire, souvent en lien avec une insuffisance cardiaque légère ou modérée, même non diagnostiquée.

Comment cela fonctionne ?

Pendant la journée, en position debout, une partie des liquides a tendance à s’accumuler dans les jambes à cause de la gravité. Ce phénomène peut être accentué en cas de mauvais retour veineux, de jambes lourdes, ou encore d’insuffisance cardiaque débutante.

Quand on s’allonge la nuit, la redistribution de ces fluides dans le corps permet au sang d’être filtré plus efficacement par les reins. Résultat : plus d’urine est produite pendant la nuit… et donc, plus de passages aux toilettes.

Et côté santé, faut-il s’inquiéter ?

Il est tout à fait naturel de se poser des questions lorsque l’on commence à se lever fréquemment la nuit pour uriner, surtout si cela devient une habitude récente. Si dans la majorité des cas ce phénomène reste bénin, il peut aussi, dans certaines situations, être le reflet d’un déséquilibre plus profond. L’essentiel, c’est d’apprendre à écouter son corps… sans céder à l’alarme excessive.

Des signaux à ne pas négliger

Quand faut-il envisager une consultation médicale ? Trois indices peuvent servir de sonnette d’alarme :

  • Le trouble s’installe brutalement ou s’aggrave en peu de temps.
  • Il s’accompagne d’autres symptômes inhabituels : fatigue importante au réveil, sensation de soif intense, maux de dos, brûlures ou douleurs en urinant.
  • Aucune amélioration n’est observée malgré une bonne hygiène de vie et une réduction des liquides en soirée.

Dans ces cas-là, un bilan de santé peut permettre d’identifier une cause plus précise et de mettre en place des solutions adaptées.

Ce que cela peut cacher chez les femmes

Chez les femmes, plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle clé :

  • Un périnée fragilisé : souvent après une grossesse, un accouchement ou avec l’âge, le plancher pelvien peut perdre en tonicité. Résultat : un contrôle moins efficace de la vessie, d’où des envies plus fréquentes, y compris la nuit.
  • Une vessie hyperactive : c’est un trouble fonctionnel qui fait que la vessie envoie des signaux d’urgence… même quand elle n’est pas vraiment pleine. Cela peut entraîner des mictions fréquentes de jour comme de nuit, parfois même avant d’avoir eu le temps d’atteindre les toilettes.
  • Les bouleversements hormonaux : à la ménopause, la baisse des œstrogènes peut affecter les tissus urinaires et accroitre la fréquence des envies nocturnes.

Et chez les hommes ?

Du côté masculin, un des premiers suspects est souvent l’hypertrophie bénigne de la prostate, une condition fréquente après 50 ans. Cette augmentation de volume de la prostate peut gêner l’écoulement de l’urine et provoquer un besoin d’uriner plus souvent, y compris pendant la nuit.

Ce trouble, bien que bénin, mérite une évaluation médicale pour s’assurer qu’il n’évolue pas vers des complications plus sérieuses. Des traitements simples existent pour améliorer la qualité de vie sans passer par la case chirurgie.

Des gestes simples pour mieux dormir… et moins se lever

Heureusement, il existe des moyens très concrets pour reprendre le contrôle de vos nuits :

  • Réduisez les liquides après 20h, et privilégiez des boissons non diurétiques (infusion de camomille, eau tiède).
  • Adoptez une routine du soir apaisante, qui favorise un sommeil profond : lumière tamisée, lecture légère, respiration lente.
  • Tenez un journal urinaire pendant quelques jours, pour identifier les moments clés où votre vessie semble la plus active.
  • Renforcez votre plancher pelvien avec quelques exercices de Kegel, très efficaces pour retrouver un meilleur contrôle vésical.

Un sommeil paisible commence parfois… par écouter sa vessie.