Faut-il imposer des tests d’aptitude aux conducteurs seniors ?

Publié le 26 mai 2025
Faut-il imposer des tests d’aptitude aux conducteurs seniors ?

Ils ont des années de route derrière eux, mais peuvent-ils encore garder le volant ? Le sujet fait débat, soulève des inquiétudes et divise même les spécialistes. Faut-il contrôler plus strictement les conducteurs âgés pour éviter des drames ? Ou cela reviendrait-il à pointer du doigt une population souvent expérimentée et prudente ? Une chose est sûre : la question ne laisse personne indifférent.

Seniors au volant : une prudence suffisante ?

En France, aucune loi n’impose actuellement de test médical obligatoire aux conducteurs âgés. Pourtant, avec l’âge, certains réflexes s’émoussent : la vue baisse, l’ouïe devient moins fine, et les réactions peuvent perdre en rapidité. C’est un peu comme un orchestre dont les instruments se désaccordent peu à peu : le chef a l’expérience, mais la symphonie devient plus difficile à diriger.

La Sécurité routière révèle que les conducteurs de plus de 75 ans sont aussi impliqués dans les accidents que les jeunes de 18 à 24 ans. Un constat qui interroge : comment garantir la sécurité de tous, sans pour autant exclure les aînés de la route ?

Des capacités en baisse, mais des règles inchangées

Parmi les facteurs qui peuvent altérer la conduite avec l’âge, on retrouve :

  • Une acuité visuelle affaiblie, surtout de nuit ou par faible luminosité.
  • Des réflexes ralentis, allongeant les temps de réaction.
  • Une évaluation des distances parfois erronée, notamment lors des dépassements.
  • Des effets secondaires médicamenteux comme la somnolence ou les vertiges.

Et pourtant, à moins d’un accident grave ou d’une maladie diagnostiquée, aucune évaluation médicale n’est exigée pour continuer à conduire.

Ce que font nos voisins européens

D’autres pays européens n’ont pas attendu pour agir :

  • Espagne : un contrôle médical tous les 5 ans à partir de 65 ans.
  • Danemark : examen médical dès 75 ans.
  • Italie : test psychotechnique pour continuer à conduire.
  • Pays-Bas : bilan médical à renouveler tous les 5 ans dès 75 ans.

En France, une proposition de loi avait été déposée en 2023 pour instaurer une visite médicale obligatoire à partir d’un certain âge. Refusée par le ministre des Transports, cette mesure a été jugée trop contraignante et discriminatoire. Mais le débat reste ouvert…

Des alternatives plus souples, mais efficaces

Faut-il imposer ou inciter ? Plusieurs pistes permettent d’améliorer la sécurité sans forcer :

  • Visites médicales volontaires : des examens simples pour vérifier les aptitudes.
  • Stages de remise à niveau : pour revoir le code, les nouveaux panneaux, ou tester ses réflexes.
  • Ateliers de sensibilisation : organisés localement, ils permettent d’adapter sa conduite à son âge.
  • Aides techniques : boîtes automatiques, capteurs de recul ou aides à la conduite peuvent faire la différence.

Comme des bâtons de marche en montagne, ces aménagements permettent aux conducteurs âgés de rouler de manière plus sûre et plus confortable.

Vers un permis limité dans le temps ?

Doit-on instaurer un permis à validité limitée pour les seniors ? L’idée séduit certains experts, qui y voient une solution pour détecter les pertes de capacités avant qu’un accident ne survienne. D’autres y voient une stigmatisation injuste, oubliant que les seniors ne forment pas un groupe homogène.

Une alternative ? Encourager les bilans médicaux réguliers, avec des incitations : réduction sur la prime d’assurance, conseils personnalisés, aide à l’aménagement du véhicule… Ce modèle mixte pourrait offrir un compromis entre sécurité et respect de l’autonomie.

Une route à tracer ensemble

Avec le vieillissement de la population, la proportion de seniors au volant va continuer de croître. La France devra bientôt choisir une direction : rester dans le flou ou baliser clairement le parcours. Ce qui est certain, c’est qu’il est possible d’allier prudence et liberté, pour que chacun – quel que soit son âge – continue à rouler en toute confiance.