Et si l’autisme trouvait une partie de son origine dans le ventre maternel ?

Publié le 2 juin 2025
Et si l’autisme trouvait une partie de son origine dans le ventre maternel ?

Imaginez un instant que ce qui se passe dans notre ventre influence bien plus que notre digestion ou notre énergie quotidienne. Et si cela avait aussi un impact sur le développement de notre futur bébé ? C’est justement ce que suggèrent de récentes découvertes scientifiques autour d’un sujet encore mystérieux : l’autisme. Alors, que sait-on vraiment aujourd’hui ? On fait le point.

Un nouveau regard sur le microbiote maternel

Depuis quelques années, le microbiote — cet incroyable écosystème de milliards de bactéries peuplant notre intestin — est devenu une véritable star de la recherche médicale. On sait désormais qu’il joue un rôle clé dans notre santé globale : digestion, immunité, bien-être mental… Mais ce que l’on découvre peu à peu, c’est qu’il pourrait aussi influencer le développement du cerveau de l’enfant à naître.

Une récente étude américaine, publiée dans le Journal of Immunology, apporte un éclairage passionnant sur ce sujet. Des chercheurs de l’université de Virginie ont en effet observé un lien potentiel entre le microbiote intestinal des futures mamans et le risque de troubles neurodéveloppementaux chez leurs enfants.

Le docteur John Lukens, qui a dirigé ces recherches, explique : « Le microbiote peut façonner le développement du cerveau de multiples façons, en influençant notamment la manière dont le système immunitaire de l’enfant réagit aux infections ou au stress. »

Une molécule au cœur de l’attention

L’équipe s’est penchée sur une molécule bien précise : l’interleukine-17a (ou IL-17a). Connue pour son rôle dans certaines maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde ou le psoriasis, cette molécule pourrait également, selon les chercheurs, perturber le développement du cerveau pendant la grossesse.

Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont mené une série d’expériences sur des souris. Certaines femelles avaient un microbiote qui favorisait une réponse inflammatoire via l’IL-17a ; d’autres, non. Résultat ? Les souriceaux nés de mères au microbiote pro-inflammatoire ont présenté des comportements similaires à ceux observés dans les troubles du spectre autistique, comme des interactions sociales altérées ou des gestes répétitifs.

Une preuve supplémentaire avec la transplantation fécale

Pour aller plus loin, les chercheurs ont réalisé une transplantation de microbiote fécal : ils ont transféré le microbiote des premières souris vers celles du groupe témoin. Et là encore, les souriceaux issus de ces nouvelles mères ont développé des comportements de type autistique.

En revanche, lorsque la fameuse molécule IL-17a était bloquée artificiellement pendant la grossesse, les petits naissaient sans ces troubles, quel que soit le microbiote initial.

Autrement dit, le microbiote maternel semble bel et bien jouer un rôle sur le développement du cerveau in utero, via des mécanismes encore complexes et à explorer.

Une avancée prometteuse, mais encore préliminaire

Bien sûr, ces résultats concernent pour l’instant uniquement des modèles animaux. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions applicables aux grossesses humaines. Mais cette piste ouvre de nouvelles perspectives passionnantes dans la recherche sur l’autisme et les troubles neurodéveloppementaux.

Les prochaines étapes ? Comprendre si ce phénomène se vérifie chez l’humain et identifier précisément les éléments du microbiote impliqués. Comme le souligne le docteur Lukens, l’IL-17a n’est probablement qu’une pièce d’un puzzle bien plus vaste.

Et pour nous, futures mamans ?

Si ces recherches confirment une chose, c’est l’importance de prendre soin de notre microbiote, et ce, dès avant la grossesse. Une alimentation variée et équilibrée, riche en fibres, des probiotiques naturels (comme les yaourts ou le kéfir), et la réduction du stress sont de précieux alliés pour entretenir cet écosystème si influent.

Parce que finalement, prendre soin de soi, c’est aussi offrir le meilleur départ possible à son futur bébé.