Pourquoi y a-t-il autant de boutons sur les manches d’une veste d’homme s’ils sont inutiles ?

Vous avez peut-être déjà caressé machinalement les manches d’une veste, remarquant ces petits boutons alignés en rang d’oignons. Ils ne ferment rien, ne tiennent rien, et pourtant, ils sont là, bien présents, sur presque toutes les vestes de costume. Une fantaisie de créateur ? Une habitude de tailleur ? Et s’ils cachaient une histoire bien plus surprenante qu’on ne l’imagine…
Une anecdote militaire à dormir debout
L’histoire la plus répandue, et sans doute la plus cocasse, nous transporte du côté des champs de bataille. On raconte qu’un illustre chef – certains jurent que c’était Napoléon, d’autres pointent Pierre Ier ou même l’amiral Nelson – aurait exigé l’ajout de boutons sur les poignets des uniformes pour empêcher les soldats de s’essuyer le nez avec leurs manches.
L’idée ? Que les boutons métalliques, froids et râpeux, dissuadent les plus enrhumés de se servir de leur veste comme mouchoir. Malin, non ? Sauf qu’aucun document officiel ne vient appuyer cette théorie… Une légende urbaine avec un soupçon de vérité, peut-être, mais surtout beaucoup d’imagination !
Des manches renforcées pour soldats stylés
Derrière le mythe se cache néanmoins une origine bien réelle : l’armée. Eh oui, nos vestes d’aujourd’hui doivent beaucoup aux uniformes d’autrefois. À l’époque, les manches des soldats étaient équipées de brassards – de larges revers cousus au bas des manches – destinés à protéger le tissu des frottements et de l’usure.
Ces brassards, souvent imposants, étaient maintenus par une série de boutons robustes. Pas question ici d’esthétique : il s’agissait d’un pur choix pratique, pensé pour durer sous les contraintes du terrain. On retrouve notamment cette habitude dans les armées européennes des XVIIe et XVIIIe siècles, en particulier chez les troupes de Pierre Ier de Russie.
De la caserne au podium
Avec le temps, les tenues militaires ont évolué, se faisant plus sobres, plus ajustées. Les revers ont disparu… mais les boutons, eux, sont restés. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient commencé à incarner autre chose : une élégance, une prestance, un certain code de l’allure masculine.
Peu à peu, ce qui était un détail technique est devenu un symbole de raffinement. À l’image du costume trois-pièces ou de la cravate bien nouée, les boutons de manche ont intégré l’uniforme du gentleman moderne, avec une mission nouvelle : flatter la silhouette.
Aujourd’hui, un clin d’œil chic à l’histoire
Alors, à quoi servent-ils aujourd’hui ? À rien, objectivement parlant. Mais imaginez une veste sans ces petits boutons : elle semblerait nue, incomplète, presque bancale. Ce détail que l’on ne remarque même plus structure le bas de la manche, donne du rythme à la coupe, et habille subtilement le poignet.
Mieux encore : sur certaines vestes haut de gamme, les boutons sont fonctionnels. Oui, oui ! Ils peuvent réellement s’ouvrir, comme à l’époque. C’est ce qu’on appelle une « boutonnière ouverte » – un petit luxe apprécié des puristes et un véritable gage de qualité pour les connaisseurs.