Le papillon violet en néonatalogie : un symbole de deuil et d’espoir à découvrir

Publié le 2 octobre 2025

Dans l'univers feutré des services de néonatalogie, un simple autocollant en forme de papillon violet raconte une histoire bouleversante. Derrière ce symbole discret se cachent à la fois la douleur d'une perte périnatale et la force d'un amour transformé en soutien pour d'autres familles.

L’attente d’une naissance, la douleur d’un adieu

Millie Smith et son conjoint Lewis Cann se réjouissaient d’attendre des jumelles. Lors de l’examen échographique, leur bonheur fut pourtant assombri par une terrible nouvelle : l’un des deux fœtus présentait une anencéphalie, une malformation cérébrale grave et rare. Les médecins leur annoncèrent que leur petite fille ne survivrait que quelques brèves heures après sa venue au monde.

Quand le moment arriva, Millie accoucha à trente semaines de grossesse. Ils choisirent pour leur enfant condamnée le joli prénom de Skye, évoquant un ciel infini où l’on pourrait toujours la chercher du regard.

Trois heures, une éternité

La vie de Skye se limita à trois courtes heures. Trois heures durant lesquelles ses parents purent la serrer contre eux, lui murmurer leur amour, la bercer tendrement. Trois heures qui resteront à jamais gravées dans leur mémoire.

Après son décès, le personnel médical les accompagna avec délicatesse, notamment en mettant à leur disposition une « chambre Daisy », un espace spécialement conçu pour permettre aux parents de faire leurs adieux dans l’intimité.

Mais très rapidement, dans le rythme effréné du service de néonatalogie, la trace de Skye sembla s’effacer. Sa sœur Callie, qui avait survécu, demeurait hospitalisée. Autour d’eux, la vie reprenait son cours… comme si Skye n’avait jamais vu le jour.

Une parole anodine qui fait mal

Quelques semaines plus tard, une autre mère croisa le chemin de Millie et, croyant bien faire, lui lança sur un ton léger :
« Quelle chance vous avez de ne pas avoir de jumeaux ! »

Cette remarque apparemment innocente transperça le cœur de Millie. Comment reprocher à quelqu’un son ignorance ? Et comment annoncer, devant tout le monde, qu’on a perdu un enfant ? Ce moment marqua un tournant décisif.

Une idée aussi simple que généreuse

C’est alors que Millie eut une inspiration aussi brillante qu’humaine : imaginer un signe visuel discret qui signalerait, sans nécessiter d’explications répétées, qu’un nouveau-né multiple avait perdu son frère ou sa sœur.

Elle opta pour la forme d’un papillon, symbolisant la métamorphose, la fragilité et le souvenir. Elle choisit la couleur violette pour sa douceur et sa neutralité, convenant à tous les nourrissons.

Le papillon violet : messager de mémoire et de respect

Aujourd’hui, cet autocollant est utilisé dans de nombreux établissements hospitaliers à travers la planète. Apposé sur les berceaux, les couveuses ou dans les chambres où un bébé a perdu son jumeau, il permet au personnel soignant, aux visiteurs et aux autres parents de comprendre la situation, d’adopter une attitude respectueuse et d’éviter les questions maladroites.

Millie a fondé la Skye High Foundation, afin de sensibiliser le public, soutenir les familles endeuillées et accompagner les hôpitaux dans cette démarche. Grâce à son action, la mémoire de Skye perdure à travers ce papillon violet, offrant du réconfort à d’autres parents confrontés à la même épreuve.

Une mère, un héritage

Aujourd’hui, Callie, la sœur jumelle survivante, a sept ans. Millie reconnaît chaque jour dans son regard un reflet de sa sœur disparue. Mais surtout, elle y puise la force de poursuivre sa mission : faire connaître ce petit symbole, pour que d’autres familles puissent traverser leur deuil avec la dignité et la compassion qu’elles méritent.

Alors, si jamais vous apercevez un papillon violet près d’un nouveau-né, vous en connaîtrez désormais la signification. Ce n’est pas qu’un simple autocollant décoratif. C’est le témoignage discret d’un amour immense et d’une peine silencieuse. Et surtout, la preuve qu’une existence, même brève, mérite d’être honorée.